Proposition XXXIIIème Atelier du réseau Eurethno du Conseil de l'Europe IIIème Conférence du Groupe de Travail Francophone de la SIEF Université de Perugia, Italie, 15-16-17 septembre 2022
Inégalités.
Migrations, crise pandémique et nouvelles inégalités.
Mots-clefs: Inégalités, Migrations, Covid 19, Méthodologie, Ethnographie, Europe, Légendes.
Proposition XXXIIIème Atelier du réseau Eurethno du Conseil de l'Europe, IIIème Conférence du Groupe de Travail Francophone de la SIEF, Université de Perugia, Italie, 15-16-17 septembre 2022
Les sciences sociales sont aujourd'hui confrontées à divers défis: crise migratoire, crise des démocraties, augmentation des inégalités sociales, dimensions qui ont été exacerbées par la crise pandémique du Covid19, qui a remis en cause l'ordre et les règles de la vie sociale.
Ces deux dernières années, deux types de problèmes se sont mêlés : une crise socio-sanitaire d'une telle ampleur qu'elle concerne la planète entière, accompagnée d'une augmentation des formes d'inégalités entre pays (Nord/Sud), mais aussi au sein de chaque pays, parmi ceux qui ont maintenu ou amélioré leurs perspectives économiques, et parmi ceux qui ont perdu leur emploi et la possibilité de le retrouver. Cela augmente les flux migratoires et les conflits socio-économiques, qui deviennent également ethniques et religieux. Les inégalités sociales, religieuses, économiques sont les grands défis des sociétés occidentales, dans une phase pandémique qui n'a pas encore été surmontée.
Les relations internationales entre les principaux pays sont entrées en crise, le rôle de l'Europe et des différents pays qui la composent a changé. C'est pourquoi de nouvelles légendes urbaines inspirées d'anciens thèmes de la différence sont nées et d’anciennes légendes ressuscitées sur les problèmes d'aujourd'hui sont de nouveau à la mode. Ces anciens et nouveaux motifs narratifs se répandent rapidement dans les nouveaux médias et s'inspirent d'idéologies complotistes, de boucs émissaires, de nouvelles exclusions, de nouvelles inégalités. Dans le même temps, les anthropologues se sont retrouvés confrontés à l'impossibilité de faire des recherches, à devoir vivre le “temps suspendu” des rituels publics, des fêtes populaires et religieuses, la peur des rassemblements.
Le XXXIIIème Atelier Eurethno (IIIème Conférence du groupe de travail francophone de la SIEF) veut encourager une comparaison européenne sur la façon dont les anthropologues réfléchissent sur ces questions, au niveau des différentes réalités nationales, et avec quelles perspectives, afin de penser une anthropologie plus consciente des difficultés liées à la recherche et ouverte aux dynamiques sociales. Un appel à contributions est proposé selon les axes suivants:
Inégalités et migrations
Les sociétés sont confrontées à l'aggravation de différentes formes d'inégalités : de genre, sociales, ethniques. Pour ceux qui étudient les phénomènes migratoires, il est clair à quel point la pandémie et la crise économique ont exacerbé les différences entre migrants et autochtones, comment les conflits au sein des tissus urbains ont augmenté. L'anthropologie est appelée à une confrontation interdisciplinaire sur les difficultés d'intégration des anciens et des nouveaux citoyens, sur l'aggravation des formes de discrimination à l'encontre des demandeurs d'asile, des migrants économiques, des citoyens de deuxième génération. En effet, des formes de néo-racisme émergent, tant au niveau politique (racisme institutionnel) que dans les pratiques sociales. L'augmentation des conflits entre autochtones et étrangers s'est aggravée avec la pandémie, en raison des diverses opportunités d'emploi, de protection sociale et d'intégration, un aspect qui a mis en évidence les disparités sociales. La polyvocalité des formes d'inégalité nécessite des outils d'analyse, des recherches interdisciplinaires, une implication des chercheurs dans des domaines spécifiques.
De nouveaux outils de recherche
Le confinement a rendu la pratique de la rencontre ethnographique difficile, mais pas impossible. La narration est présente dans la vie réelle (jouée et théâtralisée au moyen du corps), mais c'est aussi un savoir ancré dans le web, à travers la vidéo, l'audio, les expressions écrites et les mèmes. La réduction du dialogue direct nous rappelle que l'absence et l'invisibilité doivent également être argumentées de manière critique. Les réseaux sociaux ont transformé le flux de la communication interpersonnelle d'une affaire privée à une affaire publique, car le produit expressif du seul communicant est partagé et relayé par d'innombrables utilisateurs et exposé à une utilisation de masse, s'entrelaçant avec lui. De cette nouvelle manière de communiquer naît l'ethnographie numérique, différente de la netnographie, qui est plutôt la méthode de recherche qualitative qui a pour objet les interactions sociales dans les contextes contemporains de communication numérique
Dans la solitude de faire de l'ethnographie en terrain confiné, avec une possibilité limitée de dialogue face à face, il faut sortir de la simple description et faire une théorie de la description qui, grâce au prisme de la différence culturelle, doit nécessairement embrasser une critique politique mettant en évidence la non neutralité du sujet et de l'objet de la recherche, les différences de niveaux de sens, les conflits et les interrelations de ce thème dans différentes sociétés et cultures.
Légendes métropolitaines
Les données ethnographiques sur les nouveaux comportements qui ont pris naissance dans la période de COVID19 méritent une attention particulière. En fait, des motifs narratifs (et comportementaux) se sont développés qui présentent des schémas répétitifs, en particulier les «légendes urbaines» et les «théoriciens du complot» qui attribuent des actions sacrilèges aux minorités et à d'autres catégories de groupes considérés comme dangereux car animés de fins antisociales. Ce type de légende est donc mis à jour et remis en circulation dans un moment d'angoisse particulière. Le canal expressif de la légende urbaine est un récit mythique qui se confond aujourd'hui avec la modernité et l'accélération des communications, et qui se réorganise comme une sorte de bouche à oreille villageois. Du point de vue anthropologique, ce phénomène ramène au centre de nos études un genre noble de la littérature populaire, c'est-à-dire le conte de fées. En ce sens, cette recherche est prodromique d'études plus approfondies que l'on peut situer sur un axe théorico-interprétatif de type morphologique. Une guerre, une épidémie, une famine, une catastrophe naturelle ou tout autre signe de changement négatif, impliquant de grands groupes de personnes, sollicitent les récits légendaires sur les causes et le contexte de la catastrophe.
Anthropologie post-pandémique
La pandémie a obligé les anthropologues à réfléchir aux changements qui se dessinent sur certains thèmes de recherche classiques. Les dimensions des rituels religieux ont changé pour empêcher la propagation du virus : comment et dans quelle mesure ont-elles changé ? L'utilisation des médias sociaux, des réseaux, des skypes, des plateformes numériques, nous met devant de nouveaux outils d'investigation dans l'étude des pratiques festives, des dimensions religieuses et interculturelles. Il s'agit d'une réflexion non seulement sur les nouvelles manières de faire de la recherche, mais aussi sur la manière dont l'objet même de la recherche anthropologique évolue. Un exemple peut être les rites de passage : le covid a radicalement changé les rituels funéraires, les pratiques d'accompagnement des morts, avec l'avènement des funérailles en streaming et des cimetières virtuels. Un nouveau rite de passage est celui de la vaccination, qui a vu le nouvel environnement sanitaire soumis à l'analyse des rituels liés au cycle de la vie. C'est la tâche de l'anthropologie de saisir la transformation des rituels liés à la pandémie.
Nous attendons des propositions de communication (une page maximum) qui prendront appui sur les axes thématiques indiqués dans cet appel à contributions en vue de développer:
- des approches ethnographiques du temps présent dans la société européenne,
- des analyses ethno-historiques et comparatives,
- des études concernant la mémoire des migrations, des crises pandémiques et des inégalités.
Dates: 15-16-17 septembre 2022 | Lieu: Perugia, Italie
Comité scientifique:
- Mme Alfonsina BELLIO
- Mme Jocelyne BONNET-CARBONELL
- M. Riccardo CRUZZOLIN
- M. Laurent Sébastien FOURNIER
- Mme Fiorella GIACALONE
- Mme Lia GIANCRISTOFARO
- M. Evangelos KARAMANES
- M. Vilmos KESZEG
- Mme Senka KOVAC
- Mme Inga KUZMA
- Mme Maria Giuseppina PACILLI
- Mme Alessandra PIOGGIA
- M. Vincenzo SPERA
- Mme Kinscö VEREBELYI
Comité d’organisation local: Fiorella Giacalone, Riccardo Cruzzolin, Alessia Fiorillo.
Modalités pratiques :
Antennes nationales Eurethno uniquement : voyage à la charge des intervenants + hébergement et repas à la charge des organisateurs locaux.
Membres Eurethno (hors antennes nationales) et intervenants extérieurs : voyage et hébergement à la charge des intervenants (hébergement possible en cité-U à tarif préférentiel) ; les repas (pauses café et lunch pour les 2 jours et un dîner commun) seront à la charge des organisateurs locaux. Inscription: mars 2022.
Calendrier: diffusion de la note scientifique en novembre 2021, réponses attendues pour le 31 janvier 2022, établissement du programme en mars 2022.
Merci d’adresser vos propositions de communication sur un fichier Word (résumé 1 page + nom, prénom, adresse e-mail, institution) avant le 31 janvier 2022 à: alessia.fiorillo@gmail.com
Sites Internet:
https://www.siefhome.org/wg/franco/index.shtml
http://www.eurethno.altervista.org/FR/default.php